Des vétérinaires à l’aise avec l’argent ? Et pourquoi pas ?

Grégory Santaner

Le mardi 4 octobre 2022, MSD Santé Animale a organisé une table ronde sur le thème des vétérinaires et l’argent. Cet article synthétise les échanges entre les participants de cette table ronde : Hélène Ego, Pierre Mathevet, Pierre Marie Cadot, Grégory Santaner et leur hôte pour MSD Santé Animale, David Lussot.

L’argent, sujet tabou s’il en est, le rapport que les vétérinaires entretiennent avec l’argent, complexe et singulier, influe sur nombre de leurs comportements, leurs objectifs de vie et leurs relations.

Le temps de cette table-ronde, les différentes facettes de l’argent ont été abordées :

  • l’argent des associés,
  • celui de l’entreprise vétérinaire,
  • celui des salariés,
  • ou encore celui des clients.

Le replay de cette table ronde est consultable sur https://bit.ly/3T56VqC.

Le rapport des vétérinaires à l’argent

Pierre Mathevet prend la parole en premier pour évoquer les différentes composantes du rapport à l’argent des vétérinaires :

  • discussion sur les tarifs,
  • sur les salaires,
  • les rémunérations des associés les négociations des remises,
  • ou les valorisations de parts d’association, l’argent est un sujet quasi quotidien pour les vétérinaires.

Pour autant la nature même du diplôme à travers le serment de Bourgelat qui invite les vétérinaires à « ne mettre point à un trop haut prix des talents qu’ils ne doivent qu’à la bienfaisance et à la générosité de leur patrie » et à « prouver par leur conduite qu’ils sont tous également convaincus que la fortune consiste moins dans le bien que l’on a que dans celui que l’on peut faire » peut expliquer que les vétérinaires ne sont pas toujours à l’aise pour évoquer les notions d’argent dans l’exercice de leur profession.

L’influence judéo-chrétienne du pays d’exercice ajoute possiblement à ces difficultés culturelles inhérentes à la profession. D’ailleurs, un sondage réalisé en direct pendant la table ronde révèle que plus d’un tiers des participants sont peu à l’aise ou pas du tout à l’aise avec l’argent.

Grégory Santaner intervient en complément pour indiquer que, depuis six à douze mois, la thématique de l’argent est très régulièrement évoquée dans les discussions sur les réseaux sociaux entre vétérinaires.

L’argent de mon entreprise vétérinaire : « ce n’est pas sale ! »

Grégory Santaner enchaîne sur cette rubrique de la table ronde pour témoigner d’une pratique inhabituelle au sein de son équipe vétérinaire chez Anicoon Vétérinaires. En effet, avec ses associés, ils partagent une fois par an les résultats du bilan comptable à l’ensemble de l’équipe, que cela soit aux vétérinaires salariés ou aux ASV. L’objectif est de faire œuvre de transparence et de montrer à toute cette équipe que les flux financiers sont naturels au sein d’une entreprise vétérinaire.

Pierre-Marie Cadot intervient de manière plus technique pour rappeler comment sont constitués ces flux financiers au sein d’un établissement vétérinaire (Cf. Illustration ci-dessous).

Il rappelle l’intérêt de piloter et suivre certains indicateurs comme la masse salariale ainsi que la nécessité le définir un cadre de facturation pour que tout ce qui est réellement réalisé soit également facturé.

Hélène Ego confirme cette approche et témoigne de sa pratique de transparence au sein de sa clinique avec l’édition de nombreux devis pour informer au mieux les clients et l’utilisation de plans de santé pour favoriser l’adhésion de ces clients à ses recommandations.

Pour finir, Grégory Santaner complète cette rubrique en évoquant la nécessité et l’utilité de développer une médecine solidaire au sein d’un établissement vétérinaire pour donner du sens en interne mais également de montrer en externe que l’établissement vétérinaire n’est pas uniquement tourné vers sa profitabilité.

L’argent des clients : ne pas avoir de préjugés

Dans cette partie sur l’argent que les clients seraient prêts à consacrer aux soins, Pierre Mathevet invite à « retirer le prisme erroné du vétérinaire ». Il rappelle que l’essentiel dépend du bénéfice perçu par le client et qu’il faut être convaincu soi-même, en tant que vétérinaire ou équipe soignante, pour être convaincant : si le vétérinaire trouve lui-même que ce qu’il propose est cher alors forcément le client pourra avoir la même perception.

Hélène Ego apporte son témoignage sur la notion de sélection des clients. En effet, elle fait le choix de faire des consultations qui sont plus longues et facturées plus chères qu’habituellement. Elle ne recherche pas forcément à avoir plus de clients mais à pouvoir travailler dans de bonnes conditions avec ceux qui acceptent ce mode de fonctionnement.

Grégory Santaner intervient en fin de rubrique pour évoquer les situations où l’argent peut devenir une difficulté. Il insiste sur les solutions possibles (paiement en plusieurs fois, assurance santé animale, plans de santé) avec comme stratégie le fait de soigner l’accessibilité aux soins plutôt que de faire à tout prix des réductions tarifaires.

L’argent des salariés de l’entreprise vétérinaire : nos clients internes

La dernière partie de cette table ronde concerne l’argent des salariés qui doivent être considérés comme des clients internes pour les participants de cette table ronde. Pierre Mathevet rappelle que les nouvelles générations de vétérinaires ont un rapport à l’argent différent de leurs prédécesseurs. En effet, l’argent en lui-même n’est pas le levier de motivation qui arrive en premier dans les enquêtes sur ces générations.

Pour autant, Pierre-Marie Cadot invite à considérer la convention collective comme un minimum et à définir une politique salariale claire et juste entre les différents membres de l’équipe. Il insiste à son tour sur le levier que peut représenter la reconnaissance au quotidien à travers les compliments et félicitations sur ce qui est parfaitement réalisé.

Hélène Ego et Grégory Santaner clôturent cette rubrique sur les salariés en témoignant de leurs pratiques respectives. En effet, ils laissent un niveau de délégation assez important à leurs salariés vétérinaires comme à leurs ASV pour réaliser certaines dépenses. L’objectif étant de leur permettre de s’approprier une partie de l’argent de l’entreprise pour réaliser certains projets et/ou différentes missions.

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