Être de garde sans être débordé : est-ce possible ?

Les gardes sont un « point de crispation majeur » pour les vétérinaires selon le rapport Truchot sur la santé au travail des vétérinaires (2022). Face à ce constat, est-il possible d’aménager ces gardes pour mieux concilier travail et bien-être ?

Un équilibre en péril

Lors des gardes, le vétérinaire se doit d’endosser de multiples casquettes : il accueille, rassure, soigne, gère la comptabilité, les conflits, la fatigue, le chenil… L’équilibre est délicat, il faut être à la fois pilier et gérer des situations imprévisibles tout en gardant son sang-froid. S’ajoutent à cela des responsabilités juridiques, notamment le consentement éclairé nécessitant une communication transparente sur les risques, les coûts et les procédures.

Le rapport Truchot précise que l’on observe fréquemment une lassitude concernant ces gardes, les vétérinaires ayant conscience de cette contrainte au sein de la profession, “mais pas dans cette ampleur ni sans périodes de repos suffisantes”. Alors comment alléger toutes ces contraintes ? Des solutions sont à portée de main.

L’union fait la force

Selon l’article R242-48 du Code de déontologie, le vétérinaire est tenu d’assurer la continuité des soins de sa patientèle.

Plusieurs stratégies s’offrent à vous pour faciliter votre organisation, et notamment par la mise en place d’un tour de garde collaboratif :

  • la planification collaborative : initiez des discussions avec vos confrères locaux afin de définir un planning rotatif. Une répartition équitable des gardes garantira ainsi à chaque établissement des périodes de repos, tout en assurant la gestion des urgences ;
  • le soutien de l’Ordre : en cas de blocage, rapprochez-vous de votre Conseil Régional Ordinal pour envisager une médiation ;
  • la collaboration avec des structures ouvertes en continu : des cliniques ouvertes 7j/7 peuvent être une ressource intéressante pour vous décharger de certaines gardes, tout en assurant une prise en charge constante de votre patientèle ;
  • la mise en place d’une convention : une fois l’accord trouvé, formalisez-le à l’aide d’une convention qui détaillera une éventuelle rétribution financière et tout autre arrangement mutuel. Poser par écrit les termes de l’accord évite les malentendus et garantit le respect des engagements de chacun.

Filtrer pour mieux soigner

Collaborer avec une plateforme de régulation téléphonique apparaît également comme une solution pertinente pour soulager la charge mentale liée aux gardes. En filtrant et orientant les appels selon leur degré d’urgence, elle permet de vous concentrer uniquement sur les cas nécessitant réellement une intervention rapide.

Les urgences nécessitant une prise en charge rapide représentent 25% des appels selon Hélène Létard, Dr Vétérinaire cogérante de VetoAdom et vétérinaire régulatrice de la société Alvetis. La délégation d’une gestion de ces 75% d’appels non urgents (voire même parfois inutiles) permet au vétérinaire d’optimiser son temps de repos. Les coûts liés à cette collaboration peuvent être aisément répercutés sur le tarif de la consultation d’urgence. Deux acteurs se distinguent en matière de régulation : Alvetis https://www.alvetis.fr et Vétophonie https://www.vetophonie.fr/.

Votre meilleur atout : l’ASV

Une autre solution pour vous aider efficacement dans la gestion de vos urgences est votre binôme indispensable : votre ASV. Selon l’article 22 de la Convention Collective : “pour répondre aux besoins du cabinet ou de la clinique vétérinaire et, notamment répondre à la continuité du service, les auxiliaires vétérinaires et auxiliaires spécialisés vétérinaires peuvent être appelés à assurer les gardes et astreintes.”

La garde requiert la présence du salarié sur le lieu de travail pour l’exécution d’un travail effectif alors que l’astreinte elle, demande la présence du salarié à son domicile pour répondre aux appels téléphoniques et éventuellement, intervenir en cas d’urgence.

Cette disposition offre une flexibilité dans l’organisation des soins de nuit, vous permettant d’être épaulé efficacement.

De plus, pour l’ASV, participer à ce système d’astreinte a l’avantage double de contribuer activement à la prise en charge des patients tout en bénéficiant d’un complément de salaire non négligeable. Au même titre que la régulation, les frais liés peuvent facilement être intégrés au tarif de la consultation de garde.

Autre point positif, cette collaboration renforce également la cohésion et l’efficacité de l’équipe, tout en valorisant le rôle essentiel de l’ASV dans la chaîne de soins.

Les gardes, souvent perçues comme une lourde contrainte, sont inévitables dans le métier. Cependant, une collaboration optimisée, un soutien par des services adaptés et la reconnaissance du rôle de l’ASV, il est possible d’alléger le fardeau. Il est temps désormais d’adopter ces stratégies pour réinventer nos services de garde.

Stéphanie Evrard

Sources : https://www.lepointveterinaire.fr/publications/la-semaine-veterinaire/article/n-1522/comment-gerer-ses-premieres-gardes.html

2022-05-19-_ENQUETE_SOUFFRANCE_PROFESSION_-_resume_10_pages-1.pdf (vetos-entraide.com)

Article R242-48 alinéa IV | L’Ordre national des vétérinaires (www.veterinaire.fr)

Régulation des urgences : une organisation millimétrée – YouTube

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