« J’ai quitté une équipe toxique »

Christine Scarborough – DMV 360

Ce n’est un secret pour personne que nous avons à gérer de nombreux facteurs de stress quelle que soit notre fonction dans une équipe vétérinaire. Tout en faisant de notre mieux pour prendre soin de nos patients (y compris à l’approche de la mort) et satisfaire nos clients, nous avons également à gérer les relations avec nos collègues.

Les équipes « toxiques » perturbent les soins aux patients et notre travail. Savoir reconnaître et quitter ce type d’environnement est la meilleure chose à faire pour tout le monde.

Harcèlement émotionnel et verbal

Une fois, j’ai eu à travailler avec un vétérinaire qui qualifiait son équipe de « bons à rien » devant un client et pouvait même nous traiter d’imbécile devant le reste de l’équipe. J’ai aussi travaillé avec des vétérinaires qui nous criaient dessus régulièrement et même eu une fois une collègue qui m’a traité de « salope » lors d’une discussion en tête à tête.

Dans d’autres cas, ce sont des membres de l’équipe qui pouvaient refuser de discuter ou de travailler avec une personne en particulier, sans parler de tous les ragots qui étaient propagés parfois même par les vétérinaires associés eux-mêmes.

Harcèlement sexuel

Heureusement, je ne l’ai vécu qu’une seule fois (mais c’est une fois de trop). La personne qui harcelait avait une position hiérarchique supérieure et les hommes de l’équipe avait également des comportements déplacés (remarques ou regards appuyés). Avec le recul, je regrette de ne pas avoir pris la parole pour signaler ces comportements mais est-ce que cela aurait fait une différence ?

Agression physique

Dans un établissement reconnu, le gérant était connu pour ses colères mémorables. Un matin, particulièrement énervé, il a jeté une cage de transport à travers la pièce en hospitalisation. Parfois, il jetait des instruments en chirurgie. Le pire jour a été quand je prévoyais d’annoncer ma démission puisqu’il a été jusqu’à m’agripper le bras en me criant dessus au moment où il a appris que je souhaitais quitter l’établissement. Après cette agression, j’ai déposé mes clés sur son bureau et je suis juste partie.

Après toutes ces déconvenues, je suis désormais contente de faire partie d’une équipe où tous les membres sont traités avec respect et bienveillance. Les initiatives sont encouragées avec des discussions constantes pour améliorer les méthodes de travail.

L’impact des comportements toxiques sur nos équipes

Il est plus important que l’on peut le penser. Certains seront tristes, d’autres anxieux ou frustrés. J’ai même parfois constaté certaines affections physiques quand ce stress est permanent.

Tout cela détériore ce qui construit une équipe vétérinaire. Les membres commencent à ne plus avoir confiance les uns envers les autres ou envers leurs responsables. Certains peuvent même perdre confiance dans leurs propres capacités. Puis le manque de communication peut s’installer et aggraver l’ensemble de ces problèmes.

L’impact sur nos patients et les leçons de la médecine humaine.

Quand l’équipe vétérinaire ne communique plus, ce sont les patients qui sont en danger. Quand un environnement toxique existe, les membres de l’équipe peuvent oublier de transmettre des informations, essayer de cacher leurs erreurs ou avoir des comportements inappropriés avec les clients.

Amy Edmondson est une universitaire de la Harvard Business School qui a étudié les soins en médecine humaine dans 26 hôpitaux différents en observant les effets de la psychologie des équipes sur la qualité des soins. Dans les équipes stables et harmonieuses psychologiquement, le taux de mortalité des patients est 18% plus bas que dans les équipes plus « toxiques ».

De toutes ces expériences, je retiens que la profession vétérinaire a encore du chemin à parcourir mais que cela commence à évoluer tout doucement dans la bonne direction. Voici les pistes à explorer pour continuer à avancer :

  • Développer sa propre conscience pour éviter soi-même de développer des comportements toxiques. Le changement doit commencer par vous-même.
  • Mettre en place des codes de conduite pour prévenir et empêcher les attitudes toxiques.
  • Éduquer : soi-même et les membres de votre équipe pour mieux connaître les effets nocifs des comportements toxiques.

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