Seriez-vous un bon mentor ?

Marie Tanguy

  • 46 % des vétérinaires en burn out ou proches de l’être.
  • Quatre fois plus de suicide dans notre profession.
  • Un taux de reconversion professionnelle en nette augmentation.

Et si le mentorat était une solution ?

Le constat de l’étude menée par Vet Futurs

Ça vous agace quand vous recevez une jeune vétérinaire en entretien d’embauche qui demande 8 semaines de vacances, qui refuse de céder ses samedis ou qui ne veut pas travailler plus de 3 jours par semaine ? Ce n’est peut-être que le début, en témoigne cette étude menée par Vet Futurs auprès des étudiants vétérinaires de l’école vétérinaire lyonnaise Vet Agro Sup.

Figure 1 : Volonté d’aménagement de leur futur temps de travail des étudiants vétérinaires

de Vet Agro Sup, Livre Bleu de Vet Futurs

Ce n’est plus à prouver, la jeune génération ne vit plus son métier comme un sacerdoce. Ce qu’elle recherche souvent en premier lieu, c’est une forme d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Cela est parfois incompris par les générations précédentes qui ne voyaient pas leur propre début de carrière (voire leur carrière entière) du même œil. « Quand j’ai commencé, on ne se posait pas la question, il y avait du travail, donc on travaillait, c’est tout. ».

Cela peut notamment s’expliquer par les valeurs qui étaient inculquées il y a quelques années : le sérieux, le sacrifice, la compétitivité ou encore l’excellence. La génération actuelle est au contraire davantage bercée par la quête de sens, le bonheur, la joie au travail et le développement durable, etc…

Face à ces différences, l’important est de ne pas se laisser aller à l’écart intergénérationnel. Le maître-mot est alors la communication.

À mon niveau, que puis-je faire ?

Quelles sont nos solutions pour remédier à la fuite des jeunes (voire moins jeunes) diplômés ?

Les premières à s’être attaquées de manière globale à ce problème sont les organisations professionnelles vétérinaires. Le Conseil National de l’Ordre des Vétérinaires (CNOV) et le Syndicat National des Vétérinaires d’Exercice Libéral (SNVEL) ont d’ailleurs souhaité examiner ce type de problématique au sein du comité de réflexion Vet Futurs.

Ces initiatives novatrices sont importantes pour l’avenir de la profession, mais ils ne sont rien sans l’implication de chaque vétérinaire. La vraie question est donc : « Que puis-je faire à mon niveau pour redorer l’image interne de ma profession et redonner l’envie d’exercer à mes confrères et consœurs ? ».

Le problème étant multifactoriel, les réponses doivent par conséquent l’être aussi. Il faut proposer des offres adaptées aux jeunes diplômés. Citons notamment : un accueil plus poussé de stagiaires ; une meilleure organisation des gardes (à l’échelle de la clinique voire à l’échelle de zones géographiques plus larges) ; des salaires plus attractifs ; des évolutions de carrière plus motivantes dans un système de management plus positif, etc.

Toutes ces évolutions ne peuvent se faire que dans un contexte de bienveillance professionnelle, de communication positive et d’entraide mutuelle. Une idée réalisable à notre échelle et qui embrasse ces trois valeurs : le mentorat. Ne serait-il pas temps de le dépoussiérer et de le remettre au gout du jour ?

L’intérêt du mentorat

Il n’existe pas de définition standardisée du mentorat dans la littérature. Toutefois, il peut s’appréhender comme une relation de parrainage, bénéfique aux deux parties, dans laquelle une personne d’expérience partage ses connaissances dans le but de faire bénéficier une autre personne de ce savoir. Il est à différencier notamment du coaching, de la collaboration, du tutorat, de l’enseignement, ou encore du role modeling. Le lien établi entre le mentor et le mentoré est plus complexe, profond, en général plus durable et bénéficie aux deux parties.

Pour devenir un bon mentor, certaines qualités sont nécessaires :

  • Outre une certaine aisance en communication et en soutien émotionnel, le mentor doit être érudit dans le domaine d’intérêt.
  • Il se doit de placer les intérêts de son protégé au même niveau que les siens en le considérant comme son égal.
  • Il se doit d’avoir des valeurs morales à transmettre à son protégé afin de gagner sa confiance et son respect.
  • Une capacité d’introspection lui est nécessaire afin de permettre à son élève d’éviter les erreurs qu’il a lui-même commises par le passé tout en montrant une certaine ouverture d’esprit.

Le mentor peut vous apparaître comme un être supérieur et inaccessible, mais pas de panique, (presque) tout le monde peut en devenir un tant que la motivation est là ! Il s’agit surtout de développer ses compétences en écoute et en conseil. Si vous avez encore un doute, réalisez le test « Serais-je un bon mentor ? » avec le document annexe à télécharger.

Si le test est concluant, vous pouvez rejoindre un site de mise en relation entre mentors et jeunes vétérinaires : www.louveto.fr. N’hésitez plus, révélez le mentor qui est en vous !

Bibliographie

  • Malvaso, Virginie. « Le suicide dans la profession vétérinaire : étude, gestion et prévention ».  Bulletin de l’Académie Vétérinaire de France, n°2 (2015) : 142.
  • Geraci et Thigpen, « A Review of Mentoring in Academic Medicine ».

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